Qu'est-ce qu'un exploit ?
Un exploit est un code, une séquence de commandes ou une technique qui tire parti d'une vulnérabilité pour compromettre un système informatique. Alors que la vulnérabilité est la faille elle-même, l'exploit est l'outil ou la méthode permettant de l'exploiter concrètement.
Les exploits sont utilisés aussi bien par les attaquants malveillants que par les professionnels de la sécurité lors de tests d'intrusion.
Types d'exploits
Les exploits remote (à distance) permettent de compromettre un système sans y avoir accès physique, généralement via le réseau. Ils sont particulièrement dangereux car ils peuvent toucher de nombreuses cibles rapidement.
Les exploits locaux nécessitent un accès préalable au système, souvent utilisés pour l'escalade de privilèges d'un compte utilisateur standard vers administrateur.
Les exploits zero-day ciblent des vulnérabilités inconnues publiquement, n'ayant donc aucun correctif disponible. Ils ont une valeur considérable sur le marché noir ou pour les agences gouvernementales.
Les exploits client-side visent les applications utilisateur comme navigateurs, lecteurs PDF ou suite bureautique, s'exécutant lorsque la victime ouvre un fichier malveillant.
Structure d'un exploit
Un exploit typique comprend plusieurs composants. Le vecteur d'attaque est le moyen d'atteindre la vulnérabilité : paquet réseau malformé, fichier piégé ou requête web spécialement conçue.
Le payload est le code exécuté après exploitation réussie : installation d'une backdoor, vol de données ou élévation de privilèges. Le NOP sled (série d'instructions "no operation") facilite l'exécution dans les attaques de buffer overflow.
Les techniques d'évasion contournent les protections comme antivirus, IDS/IPS ou sandboxes. L'exploit peut inclure des mécanismes de persistance pour maintenir l'accès même après redémarrage.
Exploit kits
Les exploit kits sont des frameworks automatisés proposant une interface web pour déployer des exploits. Ils testent automatiquement plusieurs vulnérabilités contre le navigateur et plugins de la victime.
Des kits célèbres incluent Angler, Nuclear, RIG ou Magnitude. Ils sont vendus ou loués sur le darkweb, permettant même aux attaquants peu techniques de mener des campagnes sophistiquées.
Ces kits sont fréquemment mis à jour avec de nouveaux exploits et utilisés via la publicité malveillante (malvertising) ou sites compromis pour infecter massivement les visiteurs.
Frameworks d'exploitation légitimes
Metasploit est le framework le plus connu, utilisé par les pentesters et équipes red team pour tester la sécurité. Il contient des milliers d'exploits, payloads et outils auxiliaires.
Canvas et CORE Impact sont des solutions commerciales offrant des fonctionnalités avancées. Ces outils permettent de simuler des attaques réelles pour identifier et corriger les failles avant que les attaquants les exploitent.
Les Proof of Concept (PoC) publiés par les chercheurs démontrent qu'une vulnérabilité est exploitable, accélérant parfois son adoption par les cybercriminels.
Cycle de vie d'un exploit
Après la découverte d'une vulnérabilité, le développement d'un exploit fonctionnel peut prendre de quelques heures à plusieurs mois selon la complexité. Pour les zero-day critiques, ce délai est souvent très court.
L'exploit entre en utilisation active soit de manière ciblée (APT) soit massive (campagnes automatisées). Sa divulgation publique sur des bases comme Exploit-DB accélère son adoption.
Après publication d'un correctif, l'exploit reste efficace contre les systèmes non patchés. Certains exploits restent pertinents pendant des années car de nombreuses organisations tardent à mettre à jour.
Techniques d'exploitation courantes
Le buffer overflow écrit plus de données que prévu dans la mémoire pour écraser des zones sensibles et détourner l'exécution du programme. Le return-oriented programming (ROP) contourne les protections modernes en réutilisant du code existant.
L'injection de code (SQL, commandes OS, LDAP) insère des instructions malveillantes via des entrées non validées. L'exploitation de race conditions tire parti de fenêtres temporelles où l'état du système est vulnérable.
Les attaques par désérialisation exploitent le traitement d'objets sérialisés pour exécuter du code arbitraire. Le confused deputy abuse de programmes légitimes pour effectuer des actions privilégiées non autorisées.
Protections contre les exploits
Les mécanismes de défense modernes incluent l'ASLR (Address Space Layout Randomization) qui randomise l'emplacement mémoire, rendant les exploits moins fiables. Le DEP (Data Execution Prevention) empêche l'exécution de code dans les zones de données.
Les sandboxes isolent les applications pour limiter l'impact d'une exploitation. Les signatures IDS/IPS détectent et bloquent les tentatives d'exploitation connues. Le patch management rigoureux réduit la fenêtre d'exposition.
L'EDR (Endpoint Detection and Response) surveille les comportements post-exploitation pour détecter les compromissions même par des exploits zero-day.
Les exploits sont l'arme des cyberattaquants pour transformer des vulnérabilités théoriques en compromissions réelles, nécessitant une défense proactive multicouche.